Expo Huellas de Desaparicion


J’ai toujours dit 2 choses sur cette vie d’expatrié que je mène: plus tu restes dans un pays, plus tu as de billes pour comprendre ce pays, plus tu découvres des éléments et souvent…. moins tu comprends! Et la seconde, que parfois, de par notre culture et notre éducation, on aura jamais les codes pour comprendre certains aspects de la société dans laquelle on vit.

Le plus flagrant exemple, ce sont les « desaparicion », ces disparus partis un matin au boulot ou au champs, et que l’on a plus jamais revu.

Car en France, on comprend un enlèvement d’enfant, une disparition d’adulte, volontaire ou non, un meutre sans corps, ici les disparus sont partout et ….. nulle part.

Je m’en suis encore fait la réflexion, en allant voir une superbe et prenante expo, invité par mon pote Olivier, qui se nomme donc « Huellas de Desaparicion », que l’on peut traduite par « empreintes de disparition ».

Celle-ci se tient jusque mi-juillet dans la salle des expos temporaires du complexe culturel (Musée de la Monnaie, Musée Botero) del Banco de la Republica.

Basée sur 3 cas très différents et réalisée conjointement par la Camision de Verdad ‘verdad, vérité) et Forensic Architecture, elle tente d’expliquer par des reconstitutions en 3D (architecture, cartes, maquettes,….) les massacres, les disparitions ou les déplacements forcés.

1. El Resguardo Nukak: la réserve indigène des Nukaks, qui se sont petit à petit faits expropriés, avec violence. Constituée d’une simple carte, très difficiles à lire, car ils ont superposé dessus des dizaines d’informations, je n’ai pas tout compris!

2. Le second cas prend place dans le Golf d’Uraba, et montre avec de nombreuses photos satellite, reconstitutions des villages disparus où on eu lieu des massacres, ou cartes des réseaux des entreprises responsables, les expropriations réalisées par les grands propriétaires et les compagnies de culture intensive de la banane.

3. Mais c’est le 3e qui m’a le plus impressionné: la célèbre (j’en ai déjà parlé) Toma du Palacio de la Justicia. Prise d’otage du M-19 au sein du Palais de Justice, réprimé dans la violence et le sang par l’armée et la police, laissant de nombreux morts… et disparus! Parmi ceux-ci, des juges mais aussi des employés de la cafétéria, ou encore de simples visiteurs.

Là, principalement basés sur des images de caméra qui ont été synchronisées, ils nous montrent les dernières images et trajets de ces disparus. Ceci complété par la même opération pour l’École de Cavalerie ou se perd la trace de beaucoup d’entre-eux (certains ont été retrouvé dans des tombes de plusieurs cimetières dans tout le pays, d’autres retrouvé morts … le lendemain dans la Palais de Justice et d’autres dont on a plus aucune indications).

De nombreux documents ayant servis à l’enquête, une frise temporelle indiquant en rouge les preuves négatives (détruites, falsifiées, cachées, surtout dans les premières heures de la reprise du Palais) et en blanc les preuves positives, obtenues par travail des familles, d’ONG ou de commissions, plutôt de longues années après le drame).

De nombreux documents ayant servis à l’enquête……

Et de drôles de maquettes, tout en blanc pour les bâtiments et de bonhommes colorés, dont la légende fut complexe à appréhender. L’une pour le Palais de Justice (y’a même la Statue de Bolivar et les pigeons!!) et la Casa de Forero, un bâtiment à côté où furent conduits les otages, ou les attaquants dès leur sortie du Palacio de Justicia.

Et l’autre pour l’École de Cavalerie, où ils furent transférés, torturés et pour certains, assassinés.

En fait tout s’éclaire, c’est donc le seul reproche que je fais à cette expo, lorsque tu visualises les 2 vidéos diffusées dans des salons à part, qui expliquent alors tout!! Je donne d’ailleurs un conseil au lecteurs susceptible de visiter cette expo, commencez par les vidéos!!

Maintenant, quand je dis que je n’ai pas les codes, dans ce troisième cas, je ne comprends pas le but des autorités de faire disparaître des employés subalternes, des visiteurs, ….. Ni comment tout cela a pu s’organiser sur le moment, dans l’action!

Mes 2 hypothèses sont donc: l’Armée avait besoin de renforcer sa position face aux guérillas en faisant croire qu’il étaient plus nombreux que d’origine…. Et qu’un processus était construit, écrit et travaillé pour profiter de toute attaque pour atteindre ce but!

Pour conclure, expo à voir absolument et réellement je n’arrive pas à réaliser la véracité des disparitions voulues et réalisées par le propre état!

2 réflexions sur “Expo Huellas de Desaparicion

  1. Très belle exposition et ton essai d’explication est fort intéressant mais tout cela est très complexe :la politique et la corruption y sont sûrement pour beaucoup !

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